Détroit – Rockhal (Esch-sur-Alzette)

Allemands, Luxembourgeois, Français, Belges, Suisses, cheveux grisonnants, punks, adolescents et autres death métalleux. Ils étaient 2800 fans de tous Horizons à s’être rassemblés à la Rockhal en ce mardi 06 mai 2014 pour acclamer Detroit lors de son passage au Luxembourg.

L’esprit bordelais a été insufflé d’emblée par Mars Red Sky qui n’était pas là pour faire de la tapisserie, bien loin s’en faut.

Ils ont déboulé, tel un rouleau compresseur, aplatissant tout sur leur passage avec un rock stoner/doom transcendant.

Les coups de canon donnés par la grosse caisse de Matgaz, aussi puissants que précis, trouvent écho avec la ligne de basse pachydermique de Jimmy Kinast.
Puis au milieu de ce capharnaüm organisé s’insère avec une légèreté déconcertante les riffs lancinants de la guitare de Julien Pras.

Un mélange aussi subtil et déroutant qu’un parfait cannelé : dur et croustillant à l’extérieur, subtil à l’intérieur pour une explosion sensorielle finale extraordinaire.

Vous pouvez d’ailleurs retrouver leur interview ici.
Après cette trop courte séance hypnotique qui méritait un rappel, le staff s’affère à la mise en place des très nombreux instruments qui vont rythmer la soirée. Le clavier de Bruno Green, la Grestch, la contrebasse, les guitares et autres basses.

Pendant ce temps, sur les écrans formés de toiles volantes, est projeté un mini-film montrant le champ de la pochette de l’album.

Puis les silhouettes de Detroit viennent habiller une banderole, mettant le feu au milieu de ce champ énigmatique. Tout au long du concert, des vidéos vont agrémenter l’univers du groupe.

Vers 21h15, la foule impatiente comme jamais s’éveiller pour appeler la formation.
C’est dans l’intimité des retrouvailles d’un public déjà conquis que le duo Bertrand Cantat/Pascal Humbert et leurs acolytes entrent en scène avec Ma muse en guise d’amuse-bouche, dans une version beaucoup plus musclée et énergique que celle de l’album.

L’énergie… c’est ce fil d’Ariane qui tissera la trame du concert et cela se confirme dès les premières notes de À ton étoile qui surprend l’auditoire.

En effet, nous aurons droit à un formidable équilibre entre les titres de Détroit et de Noir Désir.

S’enchaînent alors Le Creux de ta main, une des trois chansons que j’attendais avec impatience, puis Lazy où les spasmes du chanteur n’ont d’égal que la puissance des râles qui sortent de son sternum ainsi courbé.

Le fleuve se déverse sur nous au gré de l’harmonica embarquant les spectateurs dans son flot.
Puis le groupe prend le temps de discuter avec nous, une interaction forte avec le public se tisse alors et ne s’effilochera pas jusque la fin du concert. Une chose est sûre ils sont contents d’être parmi nous et cela se ressent.
Après quelques blagues sur une éventuelle annexion du Luxembourg, c’est dans un registre apolitique que Lolita nie en bloc sur un fond vidéo noir et blanc dans un décor d’urbex où une peinture d’un ange est réalisée pendant la chanson.

Le déchirant Null and void rassemble les cinq voix du band pour une chanson aux allures d’un final… Cantat disparaît, puis à on tour Bruno Green tandis que Pascal Humbert et le batteur se font un boeuf.

Il est 22h15, la scène est vide, certains pensent déjà que c’est la fin (dommage pour eux).
Puis, à leur retour, les cinq sont devenus sept, rejoints par la violoniste belge Catherine Graindorge et la violoncelliste luxembourgeoise Lisa Berg (les cordes originales de l’album ndlr) pour nous délivrer LA voix de Bertrand dans un Droit dans le soleil en toute intimité, un Ange de désolation à la ligne de basse enivrante.
L’ambiance change à nouveau, nous plongeant en alerte rouge sur les paroles de Sa Majesté avec en toile de fond une vidéo dérangeante d’une jeune fille asiatique dansant langoureusement.
On quitte ensuite cette espace confiné pour les hauteurs des grattes-ciel sur une Fin de siècle tout en puissance qui réveille l’adolescent endormi qui sommeillait en moi.

La fin se fait sentir, pas au niveau de l’énergie toujours là, mais surtout car le leader prends la peine de nous en informer et sincèrement nous pourrions rester là encore pendant des heures.

Bertrand salue la persévérance d’un fan qui a demandé Tostaky toute la soirée et accède à sa (notre) requête.
L’écran s’est alors transformé en prompteur et nous indique les paroles en espagnol.
Le batteur, sous ses faux airs de rappeur américain, s’en donne à coeur joie, le clavier joue avec ses pieds, tous se rassemblent petit à petit autour de la batterie pour terminer en apothéose.

Quant à moi il ne me reste plus qu’à vous dire : « Soyons désinvoltes »

Article et photos : Yvan CAUVEZ

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