Chronique : Les Ogres de Barback – Vous m’emmerdez

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Le quatuor des Ogres de Barback fête cette année ses 20 ans et en profite pour nous délivrer un nouvel album, Vous m’emmerdez, tourné vers le monde et le partage d’expérience.

Les Ogres de Barback, s’il est encore besoin de les présenter, font figure à la fois de parcours exemplaire et de destin particulier dans le milieu du paysage musical français. Deux frères, deux sœurs, deux décennies à parcourir la France et le monde, des projets impressionnants comme leur précédente tournée, dont le décor avait été réalisé par le Royal Deluxe. Mais aussi quelques chansons fredonnées et chantées inlassablement par leur public, de Salut à toi, judicieusement empruntée aux Béruriers Noirs à Rue de Paname, l’éternelle. Des concerts à l’Olympia, qu’ils envahiront encore à l’automne prochain (29 & 30 octobre 2014) aux festivals de l’hexagone et du bout du monde, les Ogres de Barback n’ont jamais caché leur plaisir de faire de la musique et de la partager. La Rue Ketanou, les Hurlements d’Léo, Tryo…des compagnons de route mais aussi des amis. Les chansons à plusieurs voix sont nombreuses dans le parcours de la fraterie et leur nouvel opus, Vous m’emmerdez ne fait pas défaut à la tradition.

Seize titres et une pochette finement ciselée, composée de coups de crayon aux couleurs pastelles. Au loin une caravane, au premier plan un musicien moustachu bien entouré de ses instruments et son ballon de rouge. Le ton est donné et l’imagerie présentée dévoile bien, en vérité, les sujets renfermés dans cet album. Ce qui frappe, ce sont les titres. On sent l’Ogre énervé des émulsions idiotes de son pays actuellement et cela transparaît dans les chansons. Crache, mais aussi l’éponyme et révolté Vous m’emmerdez, l’instrumental Morsure de mots, Sadique et sévère et enfin coup d’poids dans la gueule. Le quatuor a encore énormément à dire, encore plus même dans cette période qu’ils voient comme pleine d’empêcheurs de tourner en rond. Condkoi vient même fustiger le policier source de problèmes et sans jugeote.

Heureusement, le voyage reste aussi bien présent, avec la très jolie Sacré fils, composée en compagnie de Lo’Jo et la Fanfare Eyo’nlé. Un morceau de soleil et de rythme directement tombé au fond de l’oreille de l’auditeur. Au rang des musiciens invités, on retrouve également venu d’Europe de l’Est Csokolom évadé entre Hongrie et Roumanie, en compagnie de Gabrish Borki, aux origines également gitanes. Une chanson envolée, dansante, au léger air de Gogol Bordello, le côté apaisé en plus. Crache est quant à elle réalisée avec leurs vieux amis des Têtes Raides, une guitare nourrie de distorsion liant les deux formations.

Bien sûr, les bons mots et jeux de langage font toujours intrinsèquement partie de l’écriture des morceaux et les compositions bien que plus matures et parfois agrémentées de samples, ne choqueront pas les amoureux de la première heure. On imagine déjà Dos miné repris en cœur par la foule, cabriolant dans une fosse ou un festival en voyant virevolter ces quatre-là, qui se plaisent encore et encore à prolonger leur parcours unique. A très vite sur les routes !

Article : Ugo Schimizzi

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