Chronique : Oceania – Smashing Pumpkins (2012)

Recevoir un nouvel album des Smashing Pumkins, qui plus est en 2012, c’est un peu intimidant. On attend beaucoup de l’écoute du nouvel opus d’un groupe qui aura marqué un tournant pour tout amoureux de rock dans les années 1990… mais l’on garde aussi le souvenir d’une suite de propositions décevantes depuis la reformation « nouvelle version » de 2006. 

L’entrée en matière se fait par une arrivée de guitares saturées – Quasar, une nappe électrique surexcitée qui semble réclamer notre attention, tel un boy-friend sur le retour après s’être mal comporté. Il y a un peu de ça, avec le Smashing Pumpkins de l’été… De fait, ce premier titre donne le ton et le donne juste ; l’album ne délaissera que rarement cette identité sonore de saturation et développements mélodiques ; on pense à la progression en nappes de Panopticon, lequel sonne incroyablement Smashing en même temps qu’il signe, de façon emblématique, la patte d’Oceania dès le second titre.

Dans l’ensemble, les morceaux sont bien charpentés, Billy Corgan ayant retrouvé ce songwriting à la fois sensible et grandiloquent qui nous avait tant accroché sur « Mellon Collie«  et même « Adore ». C’est du côté de la production que les Smashing Pumpkins arrivent encore à nous surprendre, avec des synthés aussi inattendus que séduisants. Sur Violet Rays, ballade acide et sombre, sur Pinwheels ou encore sur One Diamond, One Heart - étonnante envolée lyrique qui frôle le mauvais goût avec un panache réjouissant, et dont on pressent qu’il donnera de grands moments de scène, ces lignes synthétiques apportent la touche d’audace que certains auteurs tellement confirmés n’ont plus besoin de s’imposer. Ni ringards, ni trop expérimentaux, ces claviers intelligemment amenés et produits permettent à Oceania de ne pas rester un simple disque à guitares (sublimes, d’ailleurs, il faut l’avouer, comme sur Glissandra, carré et puissant, taillé pour la radio). Ajoutons enfin que Billy Corgan semble avoir retrouvé cette cohérence qui lui manquait depuis la reformation configurée des Smashing Pumpkins. Il y a certes quelques longueurs en la présence d’une piste ou deux. Certaines parenthèses de guitares acoustiques sont agréables mais ne sont jamais qu’un exercice mélodique dont Corgan a déjà souvent montré qu’il le maîtrisait (The Celestial). Ces longueurs pourraient bien être finalement le prix à payer pour la dite cohérence : alors, on prend l’ensemble avec une certaine satisfaction d’avoir retrouvé un de nos groupes de rock préférés.

A titre personnel je suis assez excitée par l’idée de voir sur scène, pour les Smashing Pumpkins, Nicole Fiorentino dont la formation Veruca Salt m’avait procuré tant d’émois rocks adolescents et pré-féministes dans les années 1990. C’est précisément là, sur scène, que Smashing Pumpkins sera le plus attendu, pour montrer ce que le potentiel évident de Oceania sur platine est capable de confirmer en live.

Article : Laura-Maï Gaveriaux

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